Joe Russell Sitter
ex-Ranger, Agent des Douanes mort en service (1863-1915).
Né à Castroville le 13 janvier 1863, Joseph Russell Sitter était le fils de Jacob Joseph Sittre et Marie Anne Virginie Rimbold. Tous deux nés en Alsace, ils avaient émigré aux Etats-Unis au milieu du XIXème siècle avec leurs parents pour peupler Castroville, dans le comté de Médina, au Texas, ville fondée par Henry Castro, « aventurier » français, et occupée à l’époque majoritairement par des Alsaciens, le plus souvent fermiers.
Après son mariage en avril 1884 avec « Maggie » Bendele, dont il eut trois enfants, il s’engagea dans la police montée du service des Douanes où il resta de nombreuses années.
Après la mort de sa femme, il démissionna et rejoignit le 1er août 1893 la Compagnie D des fameux « Texas Rangers ». Ces Rangers étaient chargés de faire respecter la loi du côté américain des rives du Rio Grande et dans toute cette région, alors politiquement très instable. Les bandes de pilleurs et de voleurs de bétail – autant mexicains que nord-américains – y étaient nombreuses, et violentes.
Le métier était réputé pour être très dangereux et les Rangers y restaient peu. C’est pourquoi Joe Sitter le quitta le 25 octobre 1896 pour retourner au service des Douanes (plus sûr et aussi, mieux payé). Il avait entre-temps épousé Margarita Eugencia Hinckley le 22 Décembre 1894, dont il eut six enfants.
La situation à la frontière empira encore lors de la révolution mexicaine, à partir de 1910, et Joe Sitter contribua grandement à la sécurité de la région. Son travail était de parcourir la région du Rio Grande et de s’occuper des contrebandiers, des voleurs de bétail, des hors-la-loi en tout genre et des agitateurs révolutionnaires.
Il atteint une bonne notoriété de traqueur et chasseur d’hommes. L’historien Robert M. Utley a écrit de lui : « Le premier des gardes du fleuve dans le Big Bend était Joe Sitter, intense, musclé, à l’imposante moustache. Il a une longue et remarquable collection de réussites en tant que policier. Peu importe son titre : les habitants du Big Bend connaissait Sitter simplement comme « la Loi ». » Il a inspiré bon nombre d’écrivains de cette époque au Texas et a une bonne réputation auprès des historiens de cette période.
En ce qui concerne les circonstances de son décès, elles sont bien connues.
Joe Sitter était convaincu qu’un certain chef de bande mexicain, dénommé Chico Cano, était responsable d’une grande quantité de vols de bétail, de contrebande et de faits répréhensibles en général dans le sud du Comté de Big Bend.
In 1912, Sitter, l’Inspecteur des Douanes Jack Howard, et l’Inspecteur de bétail J.A. Harvick, se rendirent à un petit village le long du Rio Grande, porteurs de mandat d’arrêt chargeant Cano de vol de chevaux et de mulets. Ils attrapèrent Cano lors d’une veille funéraire, lui mirent les menottes et repartirent en direction de Valentine, Texas. Mais alors qu’ils transportaient le prisonnier à travers les montagnes accidentées du Pilares Canyon, les frères et les amis de Cano les rattrapèrent en passant par le côté mexicain de la frontière et dressèrent une embuscade aux trois policiers. Dans la rapide escarmouche qui s’ensuivit, Sitter fut touché à la tête, Harvick blessé et Howard mortellement touché.
On pense qu’alors Sitter développa une vengeance personnelle envers Cano, bien décidé à le remettre à la justice. Mais il n’était pas si facile de le capturer. Il faisait partie de l’entourage de Pancho Villa et était informé et protégé par de nombreux amis le long du fleuve.
Le 22 mai 1915, Sitter se trouvait aux environs de Pilares et Porvenir avec des informations qui auraient pu lui permettre d’arrêter Cano. Il réunit une équipe qui comprenait son ami l’inspecteur (et ex-Ranger) Charles Craighead et trois Texas Rangers – Eugene B. Hulen, Harry Trollinger, et A.P. Cummings. Dans la nuit du 22, ils campèrent à l’entrée du Canyon de Pilares.
Au cours de la nuit, les policiers entendirent passer des chevaux, apparemment guidés par un homme. Au matin ils virent des traces près d’une source dans le Canyon. Ils discutèrent pour décider si c’était une embuscade et finalement Joe Sitter sépara l’équipe en deux et rentra dans le Canyon. Trollinger, Craighead et Cummings remontaient un des côtés du Canyon quand ils furent pris sous un feu sévère et opérèrent un retrait. Ils pouvaient voir Sitter et Hulen coincés en bas de l’autre côté du canyon et affirment qu’ils ont essayés cinq fois en vain de les atteindre. Lorsque la fusillade s’arrêta, ils crurent que Sitter et Hulen étaient morts ou avaient réussi à s’enfuir. Les trois policiers marchèrent quatre miles pour atteindre un ranch et demander de l’aide. Le jour suivant, une grosse équipe arriva sur place et trouva Sitter et Hulen nus, ayant reçu de nombreuses balles et leurs visages méconnaissables car ils avaient été écrasés avec de grosses pierres.
Joe Sitter fut enterré dans le cimetière de Valentine, dans le Comté Jeff Davis, Texas.
Le Ranger Eugene B. Hulen avait 36 ans et avait joint le service seulement deux mois auparavant. Son frère avait été Adjudant Général des Rangers.
Bien que personne n’ait pu identifier les auteurs de l’attaque, Chico Cano fut inculpé du meurtre de Sitter et de Hulen, mais il ne fut jamais poursuivi. Il devint capitaine dans l’armée révolutionnaire du Mexique. Il se retira dans son ranch au Mexique et mourut paisiblement le 28 août 1943.
En cliquant sur les liens, vous trouverez les articles qui m’ont servi de source et des photos :
la page souvenir éditée par sa descendante Shonnie Barlow sur le site de FindAGrave
Customs Agent Joseph Russell Sitter sur la « Memorial Page » des Agents morts en service (en souvenir des héros de la police d’état.)
Joe Sitter, Texas shootist, par le Shériff Jim Wilson :
A l’occasion du centième anniversaire de l’assassinat de Joe Sitter, Jim Wilson a été contacté par Scott Tschirhart, arrière arrière petit neveu de Sitter qui souhaitait se rendre sur les lieux de l’attaque. Après bien des recherches, ils ont réussi à rejoindre cet endroit désertique (et encore dangereux). Ils ont scellé cet événement par une photo : deux policiers du Texas célébrant la mémoire de deux policiers morts en service…
(au centre)
Selon un témoignage recueilli par « La Cousine Elisa », Chico Cano en voulait beaucoup à Sitter de l’avoir humilié en l’attachant à un cheval lors de son arrestation et de l’avoir ensuite battu avec un lasso. Il reste des doutes cependant quant à son implication personnelle le 23 mai 1915.
Plus de détails sur l’attaque (en anglais) :
The Texas Rangers and the Mexican Revolution: The Bloodiest Decade, 1910-1920, p190 et suivantes, par Charles Houston Harris,Louis R. Sadler (Google book)
Pour aller plus loin :
Il me semble que le roman de Philipp Meyer, Le fils, récemment publié, s’en inspire pour une part, spécialement l’attaque dans le canyon. Vous en apprendrez plus aussi sur cette période troublée.
La trilogie de Cormac McCarthy, Trilogie des Confins, les cow-boys de cette époque de la fin des cow-boys, à la frontière mexicaine et au Mexique. (De si jolis chevaux, Le grand passage, Des villes dans la plaine).
vous trouverez sa généalogie à l'adresse suivante : Joseph Russel Sittre
et aux dernières nouvelles (janvier 2018), son arrière arrière petite fille Shonnie et moi venons de nous découvrir des ancêtres communs... à la treizième génération pour moi, la onzième pour elle. Et comme ces ancêtres sont des Bitsch de Burnhaupt-le-Bas, une bonne partie des Alsaciens de cette région lui sont apparentés.