Les îles de La Voulte




Les îles de La Voulte sont une particularité géographique du fleuve Rhône.
 
Situées sur le Rhône à la hauteur de la ville de La Voulte, en Ardèche, leur configuration a longtemps varié au rythme des crues du fleuve.

les iles de La Voulte-satellite

(sur la rive gauche, les îles de La Voulte en 2016)

A l’époque gallo-romaine ou au Moyen-Âge, le fleuve suivait probablement un cours à méandres qui façonnaient une plaine alluviale favorable à l’habitat et à l’agriculture.
 
Puis « La métamorphose fluviale que le Rhône a connue à partir de la fin du Moyen-Âge a consisté en une adaptation du chenal fluvial à une charge de fond très abondante, dans une période de crise hydro-climatique connue sous la dénomination de « Petit Âge Glaciaire ». Incapable de transporter et d’évacuer cette charge, le Rhône s’est métamorphosé en un cours d’eau à tresses et à bancs de galets.  » (c’est-à-dire entre 1300 et 1860).
 
Le Rhône n’étant pas endigué à cette époque déplaçait les îles d’un bord à l’autre de ses rives, tantôt vers le Vivarais (Ardèche), tantôt vers le Dauphiné (Drôme). Elle étaient très peu habitées, et pratiquement plus au milieu du XIXème siècle. Les fermes sont revenues depuis, malgré les inondations très fréquentes.
 
Depuis des temps « immémoriaux », le Vivarais et le Dauphiné se disputaient ces îles, suivant qu’elles étaient proches de l’une ou l’aute rive. L’administration supérieure elle-même avait parfois du mal à trancher cette question. Il en reste toutefois que depuis au moins le XVIIème siècle elles étaient reliées officiellement au Vivarais, et plus particulièrement à La Voulte, d’où leur nom.
 
En ce qui concerne le culte protestant, au XVIIème siècle, les îles dépendaient de l’église protestante de Pierregourde-Beauchastel. En 1659, les protestants des Iles de La Voulte prièrent le synode national de Loudun de les autoriser à se séparer de La Voulte pour s’unir à Livron, qui était une ville plus ouvertement protestante, mais cela leur fut refusé, probablement à cause de cette dispute entre les deux régions pour l’obtention de ce territoire.
 
Parfois, il s’agissait seulement de baptiser l’enfant au plus vite à l’église la plus proche, malgré les crues du Rhône :

baptême Livron 1729


« l’an mil sept cent vingt neuf et le vingt huitième du mois de mai dans l’église paroissialle [de Livron] j’ay baptisé philippe Jourdan de la paroisse de lavoute à cause de la difficulté qu’il y avait à passer le Rone et le danger de mort [de l’enfant] ».


Cependant, il semble que depuis longtemps les habitants des îles avaient pris l’habitude de se rendre pour les actes officiels soit à La Voulte soit à Livron, suivant leur gré.
 
Au XVIIIème siècle, on remarque, que certaines familles allaient automatiquement faire baptiser leurs enfants à La Voulte, d’autres à Livron. Il se peut très probablement que cela ait aussi eu à voir avec la personnalité ou les consignes (ou la surveillance ?) des curés de chaque commune, avec le passé religieux des deux bourgs, si on se réfère aux registres catholiques de l’époque.
 
Ils leur arrivait aussi d’aller à Loriol (Drôme), mais cela est plus rare, ou à Beauchastel ou Saint-Laurent-du-Pape, en Ardèche.

les îles de La Voulte-gmap

Il existe à présent deux ponts reliant les îles à la commune de La Voulte et elles sont officiellement sur le territoire de l’Ardèche, même si elles sont très liées à tous les desiderata des travaux publics de la Drôme…

 

Sources :

Etude sur l’inondabilité de la plaine alluviale du Rhône dans le secteur d’Etoile-Livron
Jean-Paul Bravard, Claire Combe, Université Lyon 2, IRG-UMR5600, avril 2009.

Beauchastel, histoire civile et religieuse
par l’Abbé Aug. Roche, Imprimerie d’Aubenas, 1914
p437.

Archives de la Drôme en ligne,, Livron, registre paroissial 1723-1744, p133, en haut à droite.

 

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