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Jean Pierre Lubac


Après avoir retrouvé la lignée maternelle de Marie Lubac (voir Elisabeth Arnichand), nous nous intéressons à sa lignée paternelle, à savoir les ancêtres de Jean Pierre Lubac.
 
Le mariage de Jean-Pierre Lubac et Elisabeth Arnichand a eu lieu à Saint-Marcel d’Ardèche dix jours après la publication des bans :
 
mariage-lubac-arnichand


« aujourd’hui quatorze germinal de lan quatre de la republique française
une et indivisible a huit heures du matin pardevant nous joseph berengier
officier public sont comparus le citoyen jean pierre Lubat journalier
résidant a lapalud, fils légitime a feu Claude Lubat et a feu Marguerite
gaillard
agé de trente quatre ans deux mois dune part et la citoyenne
Elisabet arnichand fille legitime a feu Estienne arnichand et a marianne
Cazelin agée de dix huit ans six mois dautre part. Lesquels futurs
conjoints etait accompagnés de gabriel Bergeron son neveu, de
jean françois marquet, joseph berengier fils, baptiste deydier
cest trois derniers domiciliés de cette commune et le premier de
celle de la Voute auxquels lecture faite de l’acte de publication
et promesse de mariage entre les futurs conjoints dressé par
moy et affiché le meme jour au lieu ordinaire des affiches ou
il a resté pendant trois jours sans quil soit receu d’aucun cotté
aucune opposition au mariage dont sagit […] »

Il nous faut bien les deux actes pour réunir le plus d’informations possibles : « Jean Pierre Lubat, cultivateur à la Voulte, résidant à Lapalud, fils des défunts Claude Lubat et Marguerite Gaillard, âgé de trente quatre ans deux mois. » On y trouve aussi le nom de son neveu, témoin au mariage : gabriel bergeron, ce qui nous assure une assistance complémentaire. L’indexation de son acte de naissance est disponible en ligne sur Geneanet :
 
Naissance à la Voulte le 19 août 1770 de Gabriel, fils de Jean Bergeron et de Marguerite Lubac ou Lavoula.
 
Ce détail va rapidement s’avérer précieux.
 
S’il a 34 ans et deux mois en avril 1796, cela veut dire que Jean Pierre Lubat est né aux alentours de février 1762, ce qui est cohérent avec l’âge donné à son décès. Voici le seul acte qui ait l’air de se rapprocher de ce que nous cherchons dans les Archives en ligne de La Voulte-sur-Rhône :
 
jean-pierre lubac

« L’an mil sept cent soixante deux et le dixième janvier
a été baptisé jean pierre lavoula né le huitième du
meme mois fils legitime a claude et a margueritte
blachon des isles de la voulte
le parrain a été fabien
parpalion et la marraine jeanne lavoula sa soeur ont
été presents charles daurce et le pere de l’enfant illettrés
ainsi que le parrain et la marraine » Cellier vicaire


Je crois que je n’ai jamais vu autant d’embûche pour un seul couple….smiley
 
Voici donc Jean Pierre Lavoula, frère de Marguerite Lubat dit Lavoula.
Sa mère se nomme ici Marguerite Blachon et non Marguerite Gaillard. (Ce qui le rapproche du Jean Lubac résidant à Lapalud en 1788.).
 
Les actes suivants sont les actes de décès des parents :
 
deces-claude lubac-et-marguerite


Inhumation de Claude Lavoula décédé aux isles de La Voulte le trente et un novembre 1764 à l’âge de 58 ans environ et de Marguerite Gaillard, femme de feu Claude Lavoula le six décembre âgée de quarante huit ans.

L’acte suivant est celui du mariage de Marguerite Lubac ou Lavoula, en date du 4 juillet 1769 (p188) et ne nous apprend rien, si ce n’est que Marguerite est « Lubat dite Lavoula » et que sa mère est Marguerite Gaillard.
 
A ce stade, si nous retrouvions l’acte de mariage des parents de Jean Pierre, nous pourrions peut-être reculer d’une génération. Réalisant que la mère a environ 48 ans, je pense à un mariage au moins 20 ans plus tôt : 1744 par exemple, à La Voulte… Mais en épluchant soigneusement les actes en ligne pour cette période – et il faut vraiment bien regarder car les actes ont été très mal microfilmés, ils sont difficiles à lire et les mentions en marge sont rares -, je ne trouve plus rien à La Voulte avant la naissance de Marguerite en 1749. Je reste le bec dans l’eau…
 
Je trouve cependant des remarques qui m’intriguent. Particulièrement l’acte de mariage de Mathieu Nat avec Hélène Chassoulier en 1752 (p112) :
 
« Mathieu Nat originaire des isles de la Voute à la part du Dauphiné »
 
C’est vrai que je ne suis pas de la région et que certaines subtilités m’échappent !
Je me lance alors dans une recherche Qwant (car je préfère le moteur de recherche français !), mais hélas il faut bien accepter qu’il est parfois moins performant que Google. Il faut alors une recherche avancée « les iles de La Voulte », car sinon la recherche se perd dans les Caraïbes… Et même là, peu de références, suffisamment tout de même pour nous éclairer :
« Pierre Dauteville, originaire de Grenoble, établi aux iles de la Voulte paroisse de Livron et de Loriol » […]
 
Ces îles de la Voulte sont une particularité géographique intéressante, j’y ai consacré un article spécial.
 
Je reprends donc les recherches sur les actes de Livron, dans la Drôme (les actes concernant la famille sont très peu nombreux à Loriol). Ils sont eux aussi très difficiles à déchiffrer, j’opère le plus souvent par sondage (toutes les dix pages par exemple).
 
Tout d’abord, j’essaie de retrouver cet acte de mariage. Mais il m’échappe. Après un moment de découragement, je choisis alors d’aller de l’avant pour trouver éventuellement des actes de décès bien renseignés.
J’ouvre le registre des années 1759 à 1790 et dès la première page :

deces-blachon

« Lan que dessus et le sixieme janvier a eté inhumée
margte Blachon Vve gaillard décédée le jour precedent
agée d environ soixante quinze ans present Sr Pierre frezet
precepteur de la jeunesse de ce lieu signé avec nous et de
Barthelemy Berlet ileteré de ce enqs et requis »
Deparquet vic

Me fiant à la manière dont l’acte est rédigé, je parie pour un acte de mariage dans les registres de Livron. Il est alors assez facile de le retrouver :
(Je ne montre pas l’acte car la lecture en est malaisée (p87).) En voici la retranscription :

« Ce dit jour et an que dessus [neuvième juillet 1711] Louis gaillard fils de Pierre et de feu Louise Blanc ses pères et mère d’une part, et honnete Marguerite Blachon, fille de Jean et de Marguerite Rossignol ses peres et mère d’autre après les trois publications de leur promesse de mariage faites aux prones des messes paroissiales des trois dimanches consécutifs, ont reçu les bénédictions nuptiales, en présence de […] tous illettrés. »

L’acte de décès de Marguerite Rossignol le 26 septembre 1723 est plus complet :
« Marguerite Rossignol, de la paroisse de Saint-Mamans veuve de Jean Blachon de la paroisse de Montelier […] est décédée le 24 du présent à dix heures du soir agée d’environ 43 ans. » Témoin : Pierre Blachon.
 
En remontant dans les registres et en utilisant avec précaution les arbres en ligne sur Geneanet, il est ensuite possible de retrouver les ascendances de ce couple, ainsi que la famille Gaillard, tous catholiques au XVIIème siècle.
L’acte de naissance de Marguerite Gaillard reste cependant introuvable. Il y a quelques actes dont les dates correspondraient, mais il s’agit toujours d’une Marguerite Blachon et les parents nommés ne sont pas ceux que nous attendons.
Louis Gaillard étant décédé en 1720, il se peut qu’elle soit connue sous le nom de sa mère. Il est étrange toutefois que ce ne soit pas le cas de ses soeurs Florence et Elisabeth. Une erreur dans l’enregistrement de la naissance est possible, mais rien ne peut l’affirmer.
 
En suivant la chronologie des actes, je trouve alors en 1739, p240, l’acte de mariage de Claude Lubat et Marguerite Gaillard (« Claude Devoulas » et « Marguerite Blachon »):

mariage-claude-lubac
L’an mil sept cent trente neuf et le quartorze
juillet après avoir fait les proclamations
accoutumées pendant trois dimanches
consécutifs sans qu’il aye aparu aucun
empechement canonique ou civil et ayant
receu les consentement mutuel des parties par
parolles des present suivant lusage a leglise
jay beni le marige dentre claude devoulas
du mandement de la voulte et marguerite blachon
du mandement de livron en presence des sousignes
non les parties pour ne savoir de ce enquis
et requises.

signé (entre autres) Montresse curé

Je le reproduis car c’est un des rares actes lisibles ! …mais il ne nous apprend rien de spécial.
 
S’ensuit alors une recherche minutieuse dans les registres à la recherche d’autres indices.
Recoupement de témoins, de parrains…
Commencons par l’acte de naissance de Suzanne, fille de Pierre Luba dit Lavola. Je le reproduis malgré la mauvaise qualité du microfilm car il a un double intérêt – généalogique et historique :

(cliquez sur l'image pour la visionner plus clairement)

(cliquez sur l’image pour la visionner plus clairement)

« le dixneuvième decembre mille septcent quarante cinq a été
batisée dans leglise de livron Suzanne nee le meme jour fille
naturelle de pierre luba dit lavola et de catherine guigonne

lesquels ont epousé dans une assemblée devant Louis Ranc predicant
en presence de Claude Luba dit Lavola
qui me la ainsi cerftifie et
joseph combe […] »
signé Dejainas Vicaire

 
Une « assemblée » devant un « prédicant », cela signifie que les parents sont protestants et se sont mariés « au désert ». Leur mariage, du point de vue catholique, n’est donc pas légitime. Ils « vivent en concubinage public », trouve-t-on ailleurs.
L’enfant est donc « naturel », mais pas « légitime » (peut-être pourrait-on rapprocher cela de l’acte de naissance de Marianne Cazelin ?).
Jean Pierre Lubac est lui légitime, puisque ses parents se sont mariés à l’église catholique.
 
Je reproduis ici le beau texte du Musée du désert consacré aux « nouveaux catholiques », ceux qui ont fait « abjuration de l’hérésie de Calvin » après 1685, date de la révocation de l’édit de Nantes :

« Malgré les apparences, beaucoup de protestants ont abjuré du bout des lèvres et la foi continue à brûler dans les cœurs. Une Eglise de l’ombre, appelée « Eglise du Désert », clandestine, va se lever, et va célébrer en cachette, dans les endroits isolés, déserts, le culte interdit.
Ainsi se trouvent côte à côte deux organisations ecclésiales : l’une officielle, l’autre interdite, pourchassée, condamnée mais qui restera vivace jusqu’à ce que la révolution établisse la liberté de conscience. Le seul état civil reconnu est désormais géré par l’Eglise catholique.
Beaucoup de protestants se refusent à faire baptiser leurs enfants ou à célébrer un mariage devant le curé de la paroisse. Ce serait affirmer l’appartenance à une doctrine qu’ils rejettent. Les baptêmes, les mariages vont être célébrés par les pasteurs itinérants, « au Désert ». Ils seront inscrits sur des registres sans aucune valeur légale, mais pièce à conviction mortelle pour qui les détient. Des extraits sont libellés sur de petits billets, ou sur les pages des bibles familiales.
De telles pratiques sont sévèrement condamnées : peine de galère ou de prison, fortes amendes (souvent 1500 à 2000 livres, soit 7.000 à 10 000 € d’aujourd’hui) ou séparation des ménages considérés comme concubins. Les enfants, assimilés à des bâtards sont privés d’héritage. On force les parents à les faire baptiser sous peine d’enlèvement et de détention dans des couvents.
Pour marquer une union, les couples ont souvent recours au notaire qui enregistre la promesse de mariage. Quelques protestants vont quand même voir le curé qui célébre le baptême ou le mariage, donnant une existence légale à l’enfant ou au couple, puis ils iront dans une assemblée clandestine où le pasteur officiera selon « la discipline des églises réformées ». »

et ce jusqu’aux environ de 1770.
 
Revenons à ce dernier acte. Nous retrouvons Claude Luba dit Lavola. Supposons une certaine règle dans les surnoms, Pierre et Claude sont probablement frères, ou tout du moins très proches cousins. Dans les registres, nous trouvons aussi Jean-Louis Luba dit Lavola. Une génération plus tard, les enfants de Jean-Louis et ceux de Pierre sont dits « cousins ».
Or Jean-Louis Luba et Louise Merle « n’ont point épousé à l’église ». Le père de Louise est « mort hors de l’église », c’est-à-dire protestant lui-même, ayant refusé les sacrements catholiques. Louise Merle « a été inhumée selon le rite des non catholiques ». Certains de leurs enfants épousent aussi « au désert ».
Les registres protestants de Livron de 1770 à 1785 sont en ligne. On y retrouve l’acte de décès de Pierre Lubac « dit LaVoula », qui ne nous apprend rien de plus sinon qu’il serait natif de Pommier, mandement de la Voulte. Les noms de ses parents ne sont pas renseignés (sa fille Suzanne, déclarante, ne les connaissait pas), le prénom de sa mère pourrait avoir été confondu avec celui de sa femme.
Y figurent aussi les actes de mariage de ses filles et de ses neveux. On en retrouve certains dans ces actes assez rares dans les archives catholiques de « réhabilitation des mariages en faveur des non catholiques » effectués après 1789 : une trentaine de pages.
Etant donné le risque encouru, il est peu crédible qu’ils aient été des « nouveaux convertis ». Je pense qu’on peut y voir des descendants de vieilles familles protestantes, ce qui montre une belle survivance de cette foi dans la commune.
 
Pour Claude, c’est un peu différent. Une vraie histoire d’amour ? Sa femme étant d’ancienne famille catholique à ce qu’il semble, il aurait accepté, au moins pour lui plaire ou plaire à ses parents, les rites catholiques (mariage à l’église, enterrement catholique). Le fait que les actes les concernant soient si succincts proviendrait peut-être alors d’une certaine réticence des curés à leur encontre.
 
Si on fait des recherches poussées concernant les Lubac, ceux d’Ardèche en tout cas, on en trouve des catholiques (principalement à Saint-Victor), et des protestants (entre autres à l’Alboussière au nord de la Voulte, comme nous l’avons déjà vu). Les registres protestants n’étant pas numérisés pour la période entre 1685 et 1749, il nous est difficile de le vérifier de cette manière-là. Les registres catholiques sont indisponibles entre 1697 et 1714 pour La Voulte.
 
Par curiosité, on peut citer un ancien contrat de mariage datant de 1643 environ, entre « Noé Lubac marchand tanneur, fils de feu maître Jacques, de la paroisse de Saint-Barthélémy-le-Meil avec Marie Chambaud de la ville du Cheylard ». Les enfants ne figurent pas sur les registres catholiques.
 
Avec les Lavoulas, aurons-nous plus de chance ?
Peu de choses en ligne. Continuons à scruter les registes catholiques de Livron et de La Voulte.
Nous retrouvons Gabriel Dusserre, parrain de Marguerite, fille de Claude. Il a épousé en 1740 à La Voulte Françoise Lavoulas, dont les parents sont Jean Lavoula et Jeanne Souchier. Ils habitent aussi sur les îles de La Voulte.
Le jeu des parrainages et des témoignages divers nous permet de reconstruire la fratrie suivante :
Jean (époux Souchier), Elisabeth (épouse Brotte), Jeanne (épouse Marcellin), qui se sont mariés à l’église catholique avant 1721. (Marc Antoine Marcellin, fils de Jeanne s’est pourtant mariés « au désert »).
Sur l’acte de mariage d’Elisabeth, une avancée notoire : elle est appelée « Elisabeth Avoulas, fille à feu Claude et Madeleine Gounet » ou Granet.

mariage-jeanne-avoula
Et là, les renseignements sur Généanet sont plus fournis, notamment une famille à… Saint-Barthélémy-le-Meil. Dont un Claude né en 1672, dont on est sans nouvelles… Cette famille semble plutôt catholique.
 
Ma dernière hypothèse :
Claude Avoulas se marie avec Madeleine G… vers 1690
Ils ont plusieurs enfants entre 1690 et 1700 : Jean, Jeanne, Elisabeth, YY…
Cette YY Avoulas se marie avec XY Lubac.
Ils ont plusieurs enfants à La Voulte entre 1705 et 1714.
Ils meurent avant 1715.
Claude, Jean-Louis, Pierre…
Ou YY serait une soeur de Claude 1672, ce qui ferait des dates moins rapprochées.

A confirmer ou infirmer…

Il faudrait pour cela, trouver par hasard des données en ligne sur des registres catholiques que je n’aurais pas encore feuilletés (et j’ai parcouru une grande partie des registres dans les 15km à la ronde, pas tous les registres protestants cependant).

Soit, plus sûrement, retrouver ou moins un contrat de mariage dans les archives notariales à Livron ou aux archives départementales à Valence ; ou dans celles de La Voulte ou aux archives départementales à Privas. Ces archives ne sont pas en ligne pour l’instant.

Au choix :

- à La Voulte
	Claude Avoulas et Madeleine G. vers 1690
	tout autre mariage Avoulas, homme ou femme.
	XY Lubac et YY Avoulas vers 1705 ?
	Tout autre mariage Lubac dans la période 1680-1710
	Claude Lubac dit Lavola et Marguerite Gaillard dite Blachon (1739)
- à Livron :
	Claude Lubac dit Lavola et Marguerite Gaillard dite Blachon (1739)
	Pierre  Lubac dit Lavola et Catherine Guigon dite Sennas (1744-1745)
	Jean-Louis Lubac dit Lavola et Louise Merle (vers 1740)

Eventuellement des testaments, dans les archives des deux villes.



NOUVELLE BOUTEILLE À LA MER !!!

Vous pouvez voir l'arbre de Jean-Pierre Lubac et Elisabeth Arnichand sur l'arbre de leur descendant Didier Leaune.



Elisabeth Arnichand




Je commence ma recherche des origines d’Elisabeth Arnichand par l’acte le plus ancien connu jusqu’à présent pour le couple Lubac-Arnichand : l’acte de naissance de Marie Lubac datant du 20 messidor an IV (l’enfant étant né la veille, soit le 7 juillet 1796) :
                                                                      
Le père, Jean-Pierre Lubac, est dit natif de la commune de La Voulte, département de l’Ardèche,« domicilié au dit Bollène » : on ne dit pas depuis quand. Il est illettré.
La mère est « la citoyenne arnichand son épouse native de la commune de St maichal dadèche ».
 
L’acte suivant est la naissance de Jean Pierre, fils du « citoyen jean pierre lubat, cultivateur » qui déclare que la « citoyen elisabeth arnichant, son épouse en légitime mariage » est accouchée d’un enfant mâle auquel il a été donné le prénom de jean pierre.
La nouveauté est qu’on dispose alors du prénom de la mère. Mais ce qui est surtout remarquable dans cet acte, on verra plus tard pourquoi, c’est que son nom de famille semble être rajouté plus tard, ou par une autre personne sur des petits points de suspension :

citoyen arnichant

Il y a peut-être aussi une naissance en 1810, mais les actes n’étant pas numérisés pour cette année-là, on ne peut être sûr de la parenté. L’enfant, Elisabeth Catherine, n’a vécu qu’un jour.
Pas d’autre naissance, pas d’autre décès à Bollène concernant cette famille jusqu’à l’acte de décès de Jean Pierre Lubac :

deces-jpl

« Du neuf février mil huit cent seize
de Pierre lubac cultivateur âgé de cinquante cinq ans
décédé aujourd’hui a cinq heures du matin né a la Voûte
l’ardèche Domicilié a Bollène Epoux d’Elizabeth arnichamp    
(n.b.: on a bien là le son « an » dont on aurait pu douter sur les actes précédents)
sur la déclaration a moi faite Par Etienne arnichamp       (tiens, tiens ! un nouvel Arnichand ! à suivre)
cultivateur de Bollène beaufrer du defunt et Par Jean     (c’est le beau-frère ! la famille s’agrandit!)
Joseph Bourbonnet instituteur de Bollène et a signé
non led.arnichamp pour ne savoir »

Pierre Lubat serait donc né vers 1761 à La Voulte d’Ardèche.
 
Mais nous apprenons surtout dans cet acte de nouvelles informations concernant Elisabeth, en particulier que son frère Etienne est aussi installé à Bollène. Nous devrions pouvoir trouver des actes le concernant dans les registres de cette commune.
Commencons par les mariages. La table décennale de Bollène nous indique qu’il s’y est marié en 1816 à Rose Galon.
Cet acte (page 9) se trouve très riche en informations :

etienne-mariage

« Du vingt un septembre mil huit cent quatorze
acte de mariage d’etienne arnichand cultivateur
agé de trente ans né à St marcel D’ardèche le vingt
un juin mil sept cent quatre vingt quatre
, fils
majeur d’étienne arnichand décédé audit St marcel le quinze
janvier mil sept cent quatre vingt sept
et de marie anne
Ricard décédée au St Esprit Département du Gard le quatorze
juin mil huit cent six
. ledit Arnichand demeurant audit
St Marcel. »

Des actes comme celui-là, on en voudrait plus souvent ! une bise à celui qui l’a écrit !
Mais ne nous enthousiasmons pas trop vite…
 
1. Il nous faut pour l’instant laisser de côté l’acte de décès de Marie Anne Ricard à Pont-Saint-Esprit, les archives du Gard n’étant pas en ligne.
 
2. L’acte de naissance de Etienne, fils, nous confirme ce qui est écrit ci-dessus concernant sa naissance. (http://www.archinoe.net/ark:/39673/be94c0fd264f4e6c0eafc88caacd86ec)(deuxième acte)
 
3. L’acte de décès de Etienne, père, est déroutant (et décevant, pas de bise à la personne qui a photographié l’acte sans redresser le registre, le bord droit a disparu):

deces-etienne-pere

« etienne arnichand de la paroisse de st gloups
marié à st marcel de pierre de bernis avec maria…
fille de magdeleine peaullane, travailleur de
terre, mort au dit st marcel le quinze janvi
mil sept cent quatre vingt sept agé d’environ
quarante ans, munis des sacrements de l’église
a été enterré dans le cimetière dudt st marcel
le dix sept desd mois et an presents pierre labias
et jean estienne desserres illetré enquis Saladin »

Etienne Arnichand, père, est donc né vers 1747 dans une paroisse dont le nom commence par Saint-Gen… . Ce qui nous donne comme possibilités : Saint Genest-Lachamp, Saint-Genest-de-Beauzon, Saint-Genest-en-Coiron, ou même Saint-Georges, plus improbable, toutes communes bien éloignées de Saint-Marcel-d’Ardèche. Il peut aussi s’agir d’une paroisse dans une commune portant un autre nom…
Sa femme a perdu son nom de famille et se définit par le nom de sa mère (pour nous, c’est mieux, vous verrez).
 
Par quelle piste continuer ?
Je choisis de remonter dans le temps pour trouver un autre enfant du couple.
L’acte précédent date de 1779, un des premiers actes du registre 1779-1783 :

henry

« henry arnichant fils légitime a Estienne et de marianne caselin maries de St marcel de pierre de bernis, né le huitième jour du mois de janvier de l’année mil sept cent soixante dix neuf à onze heures du soir a été baptisé le dix des dits mois et an par nous vicaire sous signé, son parrain a été jean nougaret et sa marraine marie aufève… »

Aïe ! la mère d’Henry ne porte pas le même nom que celle d’Etienne ! Marianne Caselin serait décédée entre 1779 et 1783 et Etienne remarié à Marianne Ricard ?
Entre les deux naissances, pas d’acte de décès ni d’acte de mariage, que s’est-il passé ? Ayant étudié les actes de la région, je sais que les Arnichand sont à Saint-Montan, Saint-Thomé, Viviers, mais pas à Saint-Marcel. A Saint-Marcel, il ne me semble pas avoir vu d’Arnichand avant 1779, je fais donc l’impasse (en fait, il y a bien un mariage, mais dans l’état actuel des choses, il ne nous servirait pas, nous y viendrons plus tard).
 
J’ai le choix entre deux hypothèses. Je choisis d’abord la suivante :
Si on ne trouve pas dans les registres catholiques les actes de décès de Marie Anne Caselin et de remariage d’Etienne avec Marie Anne Ricard, c’est peut-être qu’ils sont protestants. Je ne me rappelle pas avoir vu un seul Arnichand protestant, et d’ailleurs, il est enterré selon le rite catholique -bien que ce ne soit pas si simple… Mais peut-être sa femme l’était-elle ?
Après des recherches rapides, je ne trouve pas de mariage Arnichand sur les registres catholiques de Saint Genest-Lachamp, Saint-Genest-de-Beauzon, Saint-Genest-en-Coiron dans les années 1770. Rien non plus dans les registres protestants.
 
En ce qui concerne les Lubac, rien entre 1750 et 1770 dans les actes catholiques non plus à La Voulte, une seule occurrence d’un décès, c’est peu significatif. Je me retourne donc aussi vers les registres protestants de La Voulte-sur-Rhône.
Je trouve, entre autres, dans le registre de 1752 à 1761, PRD 03-1, pasteur Alexandre Vernet, page 172:
Jean Pierre Lubac, né le 22 août 1756, fils de Paul et de Marie Manson, du lieu des bergerons, paroisse de Saint-Didier. C’est sur la commune d’Alboussière, une quinzaine de kilomètres au nord de La Voulte.
Tant que nous n’aurons pas d’acte ou de contrat de mariage, nous ne pourrons rien affirmer. Mais la piste des protestants n’est pas totalement à exclure, pour cette lignée-là du moins.
Les registres protestants sont très longs à dépouiller, j’abandonne pour l’instant.
 
Je reprends donc les recherches concernant cette fois le décès d’Elisabeth Arnichand, veuve Lubac, qui pourrait nous donner des indications plus précises sur sa naissance.
Son acte de décès ne figure pas dans les tables décennales de Bollène, ni à « Arnichand »,  ni à « Lubac ».
On sait qu’elle ne s’est pas remariée à Bollène. Rien non plus dans les publications de mariage. Je tente ma chance dans les recensements.
En 1836, elle vit à côté de chez sa fille, épouse Estran, avec un couple de trente cinq ans, les Servier. (tome 2 page 60) : « Arnichand, M. Elisabeth, 60 ans »
En 1841, elle vit toujours avec sa fille : « Lubac, Elisabeth, veuve » (tome 2 page 59).
En 1845, elle ne figure plus sur les recensements.
Elle est peut-être : vivante ailleurs, décédée à Pont-Saint-Esprit, décédée dans un hôpital d’une autre ville. Je recherche sur les communes d’Orange et de Montélimar, les hôpitaux les plus proches. Rien.
 
Il me reste alors une solution : l’exploration systématique des autres actes de la famille Arnichand à Bollène, soit les enfants d’Etienne.
Petit aparte : Etienne Arnichand est Médaillé de Sainte-Hélène (cela veut dire que, combattant des armées napoléoniennes, il était encore vivant en 1857 – de fait, il est décédé en 1861). Il a fait les campagnes de 1805 à 1814, dans l’artillerie.
Selon les tables décennales, il a eu quatre filles avec Rose Galon. Or sur un arbre en ligne sur Geneanet, il a aussi un fils, Joseph Etienne, né à Bollène le 31 janvier 1830. Je recherche l’acte sur les registres. Pas d’acte Arnichand pour cette date, ni dans les jours suivants. Je regarde de plus près l’acte concernant le 31 janvier :

joseph-etienne-richard

« L’an mil huit cent trente et le premier février à dix heures du matin, devant nous Pierre François Valere de Gaillard-Lavaldene, Maire, officier de l’état-civil de la ville de Bollène (Vaucluse) est comparu Etienne Richard cultivateur domicilié à Bollène, lequel nous a presenté un enfant de sexe masculin né hier à trois heures du soir de lui déclarant et de Rose Galon son épouse et auquel il a donné le prénom de Joseph Etienne […] qui ont signé, non le dit Richard pour ne le savoir. »

!!

Je recherche alors sur les tables entre 1841 et 1845 le décès d’une Elisabeth Richard

deces-elizabeth

« L’an mil huit cent quarante cinq et le vingt neuf mars à onze heures du matin devant nous Etienne Violet, maire officier de l’état civil de la ville de Bollène (Vaucluse) sont comparus MM Jean François Donnier, âgé de septante quatre ans, et Auguste Pelgrin, âgé de quarante quatre ans, administrateurs des Hospices Civils de cette ville, domiciliés à Bollène. Lesquels nous ont déclaré qu’Elizabeth Richard, sans profession, âgée de septante deux ans, née à Saint-Marcel d’Ardèche, domiciliée à Bollène, veuve de Pierre Lubac, est décédée dans les dits Hospices aujourd’hui à trois heures du matin ainsi que nous nous en sommes assuré en nous y transportant et ont les déclarants signé avec nous le présent acte après lecture faite. »

…bon. Ça, c’est fait…
Ils y tiennent absolument, elle est née à Saint-Marcel-d’Ardèche… j’y retourne.
72 ans en 1845, cela veut dire qu’elle est née vers 1773.
Je remonte donc les actes depuis 1779. Pas d’acte de naissance en 1775, 1774, 1773, 1772.
Et là… un acte de mariage :

mariage-cazelin

« Mariage Etienne arnichant et marianne Cazelin
L’an mil sept cent soixante douze et le
vingt huitième jour d’octobre après une seule
publication des bans légitimement faite
dans cette église paroissiale de st marcel de
pierre de bernis sans découvrir aucun
empêchement ni cannonique ni civil dispense
obtenue des deux autres publications de mr l’abbé
de Rochemaure vicaire général nous soussignés
avons solennelement beni selon la forme
du st concile de trente le mariage d’entre
etienne arnichant fils légitime à feu
antoine arnichant et à feu claudine
vigne
natif du lieu des baumes de montbrun
paroisse de st gineis en coiron
habitant
depuis sept à huit mois dans le présent
lieu de St marcel d’une part, et marianne
cazelin fille légitime à feu joseph cazelin
et magdeleine paulhand de St marcel
[…] »

Etienne Arnichand s’est marié en 1772 avec Marianne Cazelin « fille de magdeleine paulhand », celle qui figure aussi sur l’acte de décès. Elle est donc encore vivante en 1787, c’est elle aussi qui figure sur l’acte de mariage d’Etienne, fils, sous le nom de Marianne Ricard. Il n’y a donc eu qu’un seul mariage et les actes entre les deux dates correspondent aux mêmes personnes :
Etienne Arnichant et Marianne Cazelin > parents de Henry en 1779
Etienne Arnichant et Marianne Ricard > parents d’Etienne en 1784.
 
J’ai dû passer l’acte de naissance d’Elisabeth, je reprends le registre.

naissance-elisabeth

« L’an mil sept cent soixante quatorze et le
dix mars a été sollennellement baptizée dans
l’église de st marcel de pierre de bernis marie
elizabeth
née le même jour fille légitime
a etienne richard et a marianne ricard
mariés
habitants du dit lieu le parrain a été joseph autageon
sa marraine marie allamel presents joseph
gerboux et le parrain tous illettrés de ce
enquis et requis »

Sans l’acte de décès d’Elizabeth, je n’aurais pas pu repérer cet acte de naissance. On comprend aussi l’hésitation sur son nom dans l’acte de naissance de son fils Jean Pierre.
 
Nous nous retrouvons donc devant deux nouvelles énigmes :
– pourquoi Etienne Arnichand est-il appelé Richard ? ainsi que sa fille et son petit-fils ?
– pourquoi Marianne Cazelin est-elle nommée aussi Ricard ?
 
Remonter la généalogie d’Etienne se révèle ensuite assez facile, en suivant les actes et les arbres en ligne. On remonte jusqu’aux premiers ancêtres Arnichant connus à Mirabel (région du Coiron) :
Antoine Arnichant et Izabeau (Elisabeth!) Richard, mariés vers 1675 à Mirabel… l’explication du surnom, probablement.
 
Sur l’acte de mariage, on peut noter que le terme « légitime » a été raturé. Le nom du père est notoirement connu mais les parents ne sont pas mariés.
 
En faisant une recherche ( sur Généanet) sur le nom de la mère, on trouve rapidement une Madeleine Paulhian, mariée en 1739 à Saint-Marcel d’Ardèche, à Pierre Ricard (arbre de Thierry Granier). Voilà l’origine du second surnom ! En parcourant les registres, on retrouve le décès de Pierre Ricard en août 1748 à Saint-Marcel d’Ardèche. Viennent ensuite deux actes de décès d’enfants de ce couple en 1749… puis l’acte de naissance de « Jean Etiennne… fils naturel de magdeleine paoulian » en 1754.
Je vois les choses ainsi : après le décès de son mari, Madeleine « fréquente » Joseph Cazelin, peut-être de passage dans la région (marchand, militaire?). Elle a deux enfants : Marianne alors qu’elle vit notoirement avec lui, et Jean Etienne, alors qu’il est déjà reparti, ou décédé. Elle revient alors vivre à Saint-Marcel, où elle est connue comme la veuve de Pierre Ricard. Dans le langage courant, ses enfants en prennent aussi le nom, qu’ils emploient parfois eux-mêmes.
Une recherche sur le nom Cazelin donne une naissance de Marie Cazelin à Saint-Martin (le supérieur?) en 1750, mais on trouve pas d’acte. Les actes de Saint-Martin d’Ardèche, commune limitrophe de Saint-Marcel ne sont pas en ligne pour la période de 1749 à 1754, dates possibles de la naissance de Marianne.
Il vaudra mieux donc s’en reporter à l’acte de décès de Marianne Ricard à Pont-Saint-Esprit, qui nous dira – peut-être – où et quand elle est née.
 
Les ancêtres de Magdeleine Paulhand se retrouvent sur l’arbre de Didier Maurin par exemple:
http://gw.geneanet.org/kourcoutis?lang=fr&pz=manon&nz=maurin&ocz=0&p=magdeleine&n=pouillan
 
Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Il nous faut encore trouver l’acte de mariage d’Elisabeth et Pierre Lubac. Les publications de mariage de Saint-Marcel d’Ardèche existant en ligne pour cette période, il nous reste bon espoir.

publi-mariage

« Le quatrième germinal lan quatre de la republique française
une et indivisible devant la porte principale de la maison commune
a midy a été publié le mariage du citoyen jean pierre Lubat cultivateur
de la voute fils légitime a feu Claude Lubat et a feu Marguerite gaillard
agé de trente quatre ans deux mois d’une part et la citoyene
Elisabet Arnichand fille a feu Estienne arnichand
et a marianne Cazelin, âgée de dix huit ans six mois d’autre part
dont l’extrait a été publié au lieu ordinaire par moi joseph Berenger
officier public à St marcel d’ardèche l’an et jour susdits. »

Cette fois-ci, les bords apparaissent bien, tout semble parfait… sauf que… Elisabeth est âgée de dix huit ans et six mois !
C’est-à-dire qu’elle est née vers septembre 1777 ! Voyons voir les registres….
Je n’avais pas vu cet acte, et heureusement, d’ailleurs !

maria-madeleine

Nous voilà bien ! C’est l’acte de baptême de Marie Magdeleine Arlichant, née le vingt et un juillet 1777, qui est fille d’Etienne Arlichant et Marianne Fabret… Ne nous laissons pas impressionner: il y a confusion avec le nom du parrain. Cette Madeleine est décédée à l’âge de quatorze mois. Sur l’acte de décès, la parenté est correcte, si on peut dire (Etienne Arnichand et Marianne Ricard).
 
Au moment de la publication de mariage, on peut dire que les officiers de l’état-civil ont une bonne raison de sélectionner cet acte-là, puisque « le vrai » est énigmatique et introuvable pour eux s’ils ne connaissent pas l’histoire de la famille. De toute façon, personne ne sait lire…
Espérons que les renseignements concernant Jean Pierre Lubac soient exacts !

Une enquête à rebondissements




J’ai un jour trouvé sur un arbre de Généanet, dans une « chronique familiale », la bouteille à la mer suivante:

« En généalogie, nous sommes toujours à la recherche d’un ancêtre, d’un acte, d’une date ou d’un lieu.
Mais je recherche particulièrement les renseignements suivants qui me permettraient de débloquer les branches posant problèmes :
 
Le mariage de Pierre Lubac, son ascendance et celle de son épouse, Elisabeth Arnichaud ou Arnichand.
Ce mariage a probablement eu lieu dans l’Ardèche, mais peut-être aussi dans le nord du Vaucluse ou le sud de la Drôme. Par contre, les recherches sur Bollène n’ont rien donné.
Quant à la période, il faut très certainement chercher peu avant 1796, leur fille Marie Anne étant née le 08/07/1796.
 
De même, l’acte de décès d’Elisabeth, qui pourrait donner une piste sur sa commune de naissance, n’a pas été trouvé sur Bollène. Peut-être s’est-elle remariée ? 
 
Le 16/01/1788 à Bollène (St Martin) mariage d’un Lubac Jean (24 ans, de La Voulte, domicilié à Lapalud depuis quelques temps, fils de feu Claude et feue Blachon Marguerite) avec Marie Anne Vernet. Jean est peut-être apparenté à mes Lubac ? »


J’aime le concept de « bouteille à la mer », je me prends au jeu et je lance l’enquête… Voici un résumé de mes enquêtes:
 
Elisabeth Arnichand
 
Jean Pierre Lubac

Annexes :                               

     Les îles de La Voulte
     Louis Ranc, pasteur protestant (en cours d'écriture)

 
Notez bien ma manière de référencer mes sources : pour ne pas surcharger les articles inutilement, je ne note que le n° de la page où se trouve l’acte.
Il faut comprendre :
archives en ligne du département Z / état civil / ville concernée / registre où figure l’année en question / n° de page

Les îles de La Voulte




Les îles de La Voulte sont une particularité géographique du fleuve Rhône.
 
Situées sur le Rhône à la hauteur de la ville de La Voulte, en Ardèche, leur configuration a longtemps varié au rythme des crues du fleuve.

les iles de La Voulte-satellite

(sur la rive gauche, les îles de La Voulte en 2016)

A l’époque gallo-romaine ou au Moyen-Âge, le fleuve suivait probablement un cours à méandres qui façonnaient une plaine alluviale favorable à l’habitat et à l’agriculture.
 
Puis « La métamorphose fluviale que le Rhône a connue à partir de la fin du Moyen-Âge a consisté en une adaptation du chenal fluvial à une charge de fond très abondante, dans une période de crise hydro-climatique connue sous la dénomination de « Petit Âge Glaciaire ». Incapable de transporter et d’évacuer cette charge, le Rhône s’est métamorphosé en un cours d’eau à tresses et à bancs de galets.  » (c’est-à-dire entre 1300 et 1860).
 
Le Rhône n’étant pas endigué à cette époque déplaçait les îles d’un bord à l’autre de ses rives, tantôt vers le Vivarais (Ardèche), tantôt vers le Dauphiné (Drôme). Elle étaient très peu habitées, et pratiquement plus au milieu du XIXème siècle. Les fermes sont revenues depuis, malgré les inondations très fréquentes.
 
Depuis des temps « immémoriaux », le Vivarais et le Dauphiné se disputaient ces îles, suivant qu’elles étaient proches de l’une ou l’aute rive. L’administration supérieure elle-même avait parfois du mal à trancher cette question. Il en reste toutefois que depuis au moins le XVIIème siècle elles étaient reliées officiellement au Vivarais, et plus particulièrement à La Voulte, d’où leur nom.
 
En ce qui concerne le culte protestant, au XVIIème siècle, les îles dépendaient de l’église protestante de Pierregourde-Beauchastel. En 1659, les protestants des Iles de La Voulte prièrent le synode national de Loudun de les autoriser à se séparer de La Voulte pour s’unir à Livron, qui était une ville plus ouvertement protestante, mais cela leur fut refusé, probablement à cause de cette dispute entre les deux régions pour l’obtention de ce territoire.
 
Parfois, il s’agissait seulement de baptiser l’enfant au plus vite à l’église la plus proche, malgré les crues du Rhône :

baptême Livron 1729


« l’an mil sept cent vingt neuf et le vingt huitième du mois de mai dans l’église paroissialle [de Livron] j’ay baptisé philippe Jourdan de la paroisse de lavoute à cause de la difficulté qu’il y avait à passer le Rone et le danger de mort [de l’enfant] ».


Cependant, il semble que depuis longtemps les habitants des îles avaient pris l’habitude de se rendre pour les actes officiels soit à La Voulte soit à Livron, suivant leur gré.
 
Au XVIIIème siècle, on remarque, que certaines familles allaient automatiquement faire baptiser leurs enfants à La Voulte, d’autres à Livron. Il se peut très probablement que cela ait aussi eu à voir avec la personnalité ou les consignes (ou la surveillance ?) des curés de chaque commune, avec le passé religieux des deux bourgs, si on se réfère aux registres catholiques de l’époque.
 
Ils leur arrivait aussi d’aller à Loriol (Drôme), mais cela est plus rare, ou à Beauchastel ou Saint-Laurent-du-Pape, en Ardèche.

les îles de La Voulte-gmap

Il existe à présent deux ponts reliant les îles à la commune de La Voulte et elles sont officiellement sur le territoire de l’Ardèche, même si elles sont très liées à tous les desiderata des travaux publics de la Drôme…

 

Sources :

Etude sur l’inondabilité de la plaine alluviale du Rhône dans le secteur d’Etoile-Livron
Jean-Paul Bravard, Claire Combe, Université Lyon 2, IRG-UMR5600, avril 2009.

Beauchastel, histoire civile et religieuse
par l’Abbé Aug. Roche, Imprimerie d’Aubenas, 1914
p437.

Archives de la Drôme en ligne,, Livron, registre paroissial 1723-1744, p133, en haut à droite.